Interview de Jordan Passelecq, pilote et directeur commercial chez North Atlantic Airways

Interview de Jordan Passelecq, pilote et directeur commercial chez North Atlantic Airways

Après un parcours atypique mêlant service militaire, carrière de steward puis de pilote, Jordan Passelecq occupe aujourd’hui un double rôle chez North Atlantic : pilote long-courrier et directeur des relations commerciales. Parrain de la promotion 2025 de l’École internationale Tunon, il partage avec enthousiasme son expérience, sa vision exigeante du métier de PNC (Personnel navigant Commercial) et ses conseils à celles et ceux qui rêvent de prendre leur envol.)

Pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre parcours ?

Je m'appelle Jordan Passelecq, j’ai 50 ans, mon parcours est assez long et atypique. Après un cursus classique au collège et au lycée, je n’ai pas obtenu mon baccalauréat. J’ai alors décidé de partir aux États-Unis, d’abord pour suivre des cours d’anglais dans une université, puis pour travailler chez Disney World en Floride pendant un an et demi. De retour en France, j’ai effectué mon service militaire et, grâce à mon anglais, j’ai intégré l’escadron Estérel, qui assure le transport des hauts dignitaires français. J’y ai exercé comme steward sur des vols long-courrier.

Ensuite, je suis retourné aux États-Unis pour suivre une formation de pilote. À mon retour, ne trouvant pas d’opportunités immédiates, j’ai intégré Air France en 1999 en tant que steward. À 36 ans, j’ai repris une formation de pilote en France dans le cadre d’un congé sans solde, ce qui m’a permis d’intégrer l’aviation d’affaires en 2011. J’ai ensuite alterné entre des postes de steward et de pilote

J’ai ensuite participé à un projet de création de compagnie aérienne, qui n’a pas abouti à cause du contexte sanitaire. Ce projet m’a toutefois rapproché de North Atlantic, où j’ai contribué au lancement de la base parisienne avec deux collègues. Depuis mars 2023, je suis directeur des relations commerciales chez North Atlantic, tout en continuant à voler comme pilote. Mon objectif est désormais de passer commandant de bord.

Pouvez-vous décrire les aspects de votre métier, vos responsabilités quotidiennes et ce que cela implique pour vous ?

Aujourd’hui, j’ai une double casquette : pilote de ligne long-courrier et directeur des relations commerciales. En tant que pilote, je suis responsable de la sécurité et du bon déroulement du vol. Il faut savoir anticiper : si un passager tombe malade, les pilotes doivent décider d’un éventuel déroutement, identifier l’aéroport le plus proche, le temps pour y accéder, etc. Cela demande une vraie capacité de gestion des imprévus. En parallèle, mes responsabilités commerciales consistent à représenter la compagnie auprès des institutions, partenaires et écoles comme l’École internationale Tunon.

Qu’est-ce qui vous attire le plus dans votre métier ?

L’absence de routine. Chaque vol est différent, chaque équipage aussi. On évolue dans un environnement multiculturel et mouvant. J’apprécie particulièrement la transmission : faire découvrir les coulisses du métier à des jeunes, comme Eryne Sobczak et Alice Bonnel, deux élèves de l’École internationale Tunon que nous avons emmenées en vol à Los Angeles. Elles ont vécu la réalité du métier, des briefings au rythme de vol en passant par les nuits décalées. Leur enthousiasme a été une vraie source de motivation pour l’équipage.

Quelles ont été vos motivations pour choisir ce chemin professionnel ?

J’ai toujours aimé voyager, mais ma motivation principale a toujours été de travailler dans un environnement exigeant, humain et stimulant. Mon parcours n’a pas été linéaire, mais j’ai su rebondir à chaque étape. Je n’ai pas le bac, et pourtant je suis devenu pilote. J’ai toujours suivi mes convictions, même face à des conseils d’orientation peu inspirants. J’encourage chacun à croire en ses capacités, à tenter, à échouer parfois, mais à ne jamais avoir de regrets.

Quelles qualités pensez-vous qu’il est nécessaire de posséder pour exceller dans votre domaine ?

Le sens du service, la rigueur et le professionnalisme sont essentiels. Être PNC, ce n’est pas juste voyager : c’est d’abord un métier de sécurité, puis un métier de service. Il faut savoir gérer les passagers, les situations d’urgence, la fatigue, les horaires décalés. Il y a aussi un travail personnel en dehors des vols : se tenir à jour, suivre les procédures, respecter les consignes de la compagnie, même celles qui peuvent paraître contraignantes.

Quels projets envisagez-vous pour l’avenir ?

Aujourd’hui, mon défi personnel est de devenir commandant de bord. Côté formation, un autre enjeu est de mieux préparer les jeunes à la transition entre l’école et le monde professionnel. On observe parfois une difficulté à intégrer la rigueur nécessaire dans ce métier. C’est ce que je tente de transmettre, notamment à travers mon rôle de parrain.

Pourquoi est-ce que vous avez choisi de vous impliquer auprès de l’Ecole Internationale Tunon ?

Parce que je crois profondément en l’importance de montrer la réalité du terrain. Le métier de PNC c’est une vraie responsabilité. L’école forme les élèves, mais les expériences immersives, comme celle vécue par Eryne et Alice, leur permet de valider concrètement leur projet professionnel.

Est-ce que vous auriez des conseils pour ceux qui aimeraient se lancer ?

Oui, ne choisissez pas ce métier pour voyager. Choisissez-le parce que vous aimez le service, la sécurité, le contact humain. Préparez-vous à travailler en horaires décalés, à suivre des consignes strictes, à faire preuve de rigueur et de professionnalisme. Soignez votre présentation : vous êtes l’image de la compagnie. Et surtout, ne vous découragez jamais face aux refus. Croyez en vous, apprenez de vos échecs, et n’écoutez pas ceux qui vous disent que ce n’est pas possible.

Si vous êtes élève de l’École internationale Tunon, sachez qu’on attend de vous bien plus qu’une simple motivation. Il vous faudra démontrer une rigueur constante, une capacité à vous adapter au rythme exigeant du métier, et un véritable sens du service. Les professionnels du secteur attendent des jeunes diplômés qu’ils soient proactifs, investis, et capables de respecter scrupuleusement les consignes, dans l’avion comme lors des sélections. Ce métier nécessite un engagement personnel, une veille continue des procédures, une préparation rigoureuse avant chaque vol, et une présentation irréprochable.

Ce que vous apprenez à l’École internationale Tunon n’est pas uniquement théorique. C’est une base, un socle. Mais la réalité du métier, vous la découvrirez sur le terrain : gérer la fatigue, rassurer des passagers stressés, réagir en cas de malaise à bord, rester professionnel malgré les tensions. Et vous devrez montrer que vous êtes prêts, que vous incarnez les valeurs de la profession, en toute circonstance

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